RESTROSPECTIVE ELDAR RIAZANOV

Alexandre Sokourov est un grand admirateur d'Eldar Riazanov.
Voici un extrait de l'interview qu'il nous a accordée pour le catalogue du festival.

Quel est le premier film d’Eldar Riazanov que vous avez vu ? Quelle impression vous a-t-il fait ?

Le premier film d’Eldar Riazanov que j’ai vu était La Nuit de carnaval.
J’avais beau n’être qu’enfant à cette époque, mes impressions sur ce film sont inchangées depuis. Comme un printemps soudain, l’entrée dans un autre monde ensoleillé et bienveillant… Il y avait dans ce film une sorte de légèreté insouciante. Et la musique, la musique ! Tellement de gens ont vécu leurs années soviétiques avec ce film, bercés par son entrain et revenant sans cesse à son humeur enjouée et son souffle…
Riazanov a créé un grand cinéma national sans qu’il soit obligatoirement soviétique.

Quel est son film le plus marquant pour vous aujourd’hui ?

C’est une question très difficile.
Comme personne d’autre, Eldar Riazanov comprenait ce que signifiaient la vie des Russes et la société russe dans les conditions de l'ordre soviétique. Ce réalisateur percevait la nature de l’homme russe et soviétique.
J’en suis persuadé, comme personne d’autre.
Riazanov ne pouvait pas ne pas apparaître. C’est ce qu’il voulait lui-même, apparaitre et vivre. Pour notre plus grand bonheur, Riazanov possédait un talent exceptionnel, lyrique et dramatique, il avait une sensibilité sociale.
Riazanov construisait des Objets artistiques, c’est pour cette raison que nous ne pouvons pas dire de ses films qu'ils sont actuels. Ils existent et existeront toujours.

Traduction Elena Blokhina et Françoise Navailh